Selon ses parents, Lindsay, élève de 4e au collège Bracke-Desrousseaux, avait partagé avec eux les détails des actes de harcèlement qu’elle subissait. “Elle en a parlé tout de suite. (…) Elle a été insultée sur son physique, elle était ridiculisée tout le temps”, a assuré Betty. François, son beau-père, a ajouté que les actes de harcèlement avaient débuté en septembre dernier et s’étaient intensifiés au fil des mois. “Elle disait qu’elle n’avait pas peur, elle me montrait les messages, je suivais tout”, a confié sa mère. “Je passais des heures dans sa chambre, on discutait, elle me disait tout”. “On l’a rassurée comme on pouvait avec nos mots. On est des parents très ouverts, il y avait un dialogue”, a ajouté François.
«Elle est morte cette p…, je vais lui pisser sur sa tombe»
Les insultes et les brimades se sont poursuivies. “Je suis allée voir ces filles plusieurs fois pour qu’elles arrêtent, mais dès qu’elle arrivait devant le collège, elle était insultée”, a révélé Betty, qui avait également conseillé à sa fille de bloquer les harceleurs sur les réseaux sociaux. Cependant, ces derniers créaient de faux comptes pour continuer leur harcèlement.
Malgré le décès atroce de Lindsay, le harcèlement se poursuit selon sa mère : “Elles continuent les menaces, d’insulter ma fille en disant ‘enfin elle est morte cette p…, je vais lui pisser sur sa tombe, je vais lui cramer sa tombe’, et ça n’arrête pas”.
Une lettre de suicide
Les parents de l’adolescent dénoncent l’absence de réaction de l’école. François a révélé qu’en février, il avait trouvé “une lettre de suicide” sous le matelas de Lindsay. Ils ont informé l’académie, les services de police et le principal du collège, sans recevoir de réponse. Betty a également révélé que Lindsay avait informé la direction de l’école des menaces qu’elle avait reçues, et qu’elle allait “se faire tabasser”. Mais aucune décision n’a été prise pour assurer sa sécurité. La grand-mère de l’adolescente a aussi envoyé un courrier au président de la République, Emmanuel Macron, qui est resté sans réponse, selon la famille.
Quatre mineurs et une personne majeure ont été mis en examen respectivement pour “harcèlement scolaire” et “menaces de mort” dans ce dossier, a annoncé le procureur de la République de Béthune. Une information judiciaire a été ouverte le 20 mai des chefs de “harcèlement scolaire” ayant pour “effet une dégradation des conditions de vie altérant la santé et ayant conduit la victime au suicide”. Une enquête administrative a également été ouverte par le rectorat de Lille, qui a reconnu que l’école aurait dû faire plus pour suivre la situation de Lindsay.